La règle relative aux résultats budgétaires, prescription suivante, concerne exclusivement les produits et les charges publics, étant entendu que dans ces dernières sont inclues les dotations périodiques à l’amortissement de l’endettement lui aussi public109.
Les revenus de placements sont la part la plus petite de ce total et ceux du travail la plus grande, dès lors que suffisamment de croissance a eu cet effet, comme l’expose le chapitre La répartition. Mais, si cet effet et une autre répartition — celle du revenu total du travail, exposée dans le chapitreLe wage —, sont tenus hors de ce que la politique économique et la gestion des finances publiques d’une nation prennent en compte, il devient inévitable que, dans cette nation, prolifèrent des redistributions publiques qui vont à l’encontre de ce qui rend justes et fastes les distributions par les revenus proprement dits110.
Rappelons également que l’amortissement des emprunts publics, à savoir le remboursement du principal et l’acquittement des intérêts, fait partie intégralement des charges publiques. Cet amortissement, postérieur à la souscription de l’emprunt, n’enlève rien à son effet d’éviction immédiate : les emprunts publics font au moment de leur souscription autant en moins de placements dans le financement des investissements privés, avec la baisse de la contribution de ces derniers à la croissance et à la création d’emplois.
Comment procéder à cette instauration est exposé au chapitre suivant, à rebours de la croyance en la viabilité systémique du capitalisme avec le minimum de capital, le maximum d’autofinancement, les cotisations patronales — cette fiction qui contribue à crédibiliser la revendication perpétuelle d’une baisse du coût du travail —, l’embrouillamini hautement toxique des produits financiers dérivés, la création monétaire pour repousser à plus tard les assomptions de responsabilité. Bien que les réformes prescrites dans les chapitres à suivre soient curatives, elles n’empêchent cependant pas que, comme avant d’être faites, surviennent des périodes pendant lesquelles le chômage remonte à nouveau.
Car l’épargne et ses fractions placées en titres d’emprunt et de capital sont élastiques. Elles le sont d’autant plus que les rémunérations et les sécurités de ces placements sont poussées aux niveaux qui les rendent honnêtement attractives, tout en étant faiblement exposées à des pertes. Elles le sont aussi d’autant plus que l’élimination du surpoids des charges publiques a fait disparaître l’anticipation de l’augmentation du poids des impôts.
La prospérité d’un pays atteint son apogée en évitant aussi bien l’atrophie que l’hypertrophie des prestations publiques, considérées globalement et par catégorie de prestation (d’où des arbitrages attestant que gouverner et légiférer n’ont rien d’une sinécure). En période de décrue du chômage, la baisse du poids des investissements publics contribue à éviter l’hypertrophie des prestations de l’État. En période de plein-emploi, la stabilisation de ce même poids participe à l’évitement de leur atrophie.
En complément de la relance permanente par des placements directs en nouveau capital, cette stabilité au long cours rend plus supportables les allègements et les refus d’alourdissement des charges publiques, autre contribution majeure à l’évitement de l’hypertrophie des prestations et du prélèvement publics. Cette stabilité doit cependant être assurée à un assez haut niveau pour éliminer les retards les plus préjudiciables et prévenir, par ordre décroissant d’utilité publique, l’accumulation d’autres. L’étatisme et l’individualisme, quand ils sont élevés à la hauteur d’un impératif catégorique, chaussent leurs pieds d’argile d’irréalisme.
La cause de l’inaptitude de personnalités politiques à faire émerger dans l’opinion publique de nettes majorités concernant les options techniques majeures de politique économique, n’a rien de mystérieuse. Leurs discours sont trop évasifs et leurs vues trop peu convaincantes tant sur ce qu’est une économie nationale en bon état que sur la dynamique qui la fait telle.
Aucune campagne de communication n’est à même de pallier le manque de concepts clairement définis et de résolutions mal ajustées.